
30 juin 2021
Devenu un tube incontournable des États africains, lors de l'accession à l'indépendance. En effet, la chanson "Indépendance cha cha" de Grand Kallé, a failli ne pas voir le jour, si Vicky Longomba musicien et leader de l'Ok jazz à l'époque n'avait pas fait appel à Joseph Kabasele tshamala.
Nous sommes en décembre 1959, le Congo-belge s'apprête à devenir un État indépendant, c'est alors un promoteur à coup sûr homme politique congolais contacte Longomba Besange Victor dit « Vicky » et son groupe à prendre part à la manifestation qu'aura lieu dans la capitale belge (Bruxelles), pour agrémenter différentes soirées à l'occasion de la table ronde.
Vicky Longomba alors évoluant sous le label de "Ok. Jazz" informera son patron Papa Dimitriou, un sujet grec, propriétaire du studio loningisa qui, faisait office de Manager du groupe. Ensemble avec les siens, se mirent d'accord pour parapher ce contrat, Ils se prépareront en conséquence et ils n’attendront plus que le jour-j. Car ce dernier avait déjà remis depuis belle lurette, neuf titres de voyage pour Longomba et ses musiciens.
Étonnant qu'il en soit-il, Longomba fut trahi par Luambo Franco, auprès de son Patron, pour une histoire banale des femmes, qui s'est mal soldée entre les deux hommes. Ce qui donna l'occasion à Papa Dimitriou, de retirer sa confiance à Longomba, et le déchargea de ses fonctions.
Papa Dimitriou infligea à ce dernier une sanction d'une semaine, puis le jour suivant, appelle "le sorcier de la guitare", surnom de François Luambo Makiadi, pour lui signifier désormais, qu'il prend le bâton de commandement, et même qu'il avait droit au salaire de Longomba (6 000 francs à cette époque).
Cerise sur le gâteau, Papa Dimitriou donna à Luambo une maison en ville, sur l’avenue Charles de Gaule (actuellement l'avenue du commerce dans la commune de la Gombe). Il interdit même les musiciens d’OK Jazz de faire le déplacement pour Bruxelles, avec Longomba.
Le jeune Luambo invita Vicky dans sa nouvelle maison à Gombe. Ensuite lui restitua les neufs billets d’avion, avant de transmettre la décision de Papa Dimitriou.
Voyage annulé pour les musiciens d’OK Jazz, Vicky Longomba est sidéré d'entendre cette nouvelle, toutefois, tient ferme à son contrat, ne voulant pas décevoir son promoteur. C’est ainsi qu’il effectua une descente à la hâte chez Dépôt Bar à Matonge, sur Victoire, où se produisait Kalle Jeff avec son orchestre, sans Nico et Déchaux. Ces deux derniers s’étaient déjà séparés d’avec Grand Kallé.
Longomba parla alors de ce contrat à Kallé Jeff qui accepta. S'agissant des guitaristes, Kallé proposa à Vicky d’aller voir le Docteur Nico Kassanda et son frère Déchaud Muamba, tout en gardant de ne point leur révéler que Kallé aussi sera de la partie pour rallier Bruxelles.
Longomba, qui avait compris, fit exactement ce que Kallé lui avait demandé. Nico et Déchaud marquèrent leur accord. (Notez que Nico et Déchaud furent respectivement soliste et accompagnateur inégalables de cette Époque). D’autres musiciens : le bassiste, le batteur et le mi-soliste Brazzos et Bobina Elengesa Pierre, sobriquet Petit Pierre, furent contactés pour compléter la bande. Izeidi Mokoy, marcassite, fut aussi de la partie de ce groupe. Le voyage eut lieu. Nico et Déchaud ne pouvaient plus s’opposer, malgré la présence gênant de leur ancien Patron à l'orchestre Afrika jazz (Kallé).
À Bruxelles, tout se passa à merveille quant à la prestation durant la Table Ronde.
Kabasele est la première vedette africaine à se produire en Belgique, et ce, à l'occasion de la fameuse Table ronde au cours de laquelle devait se décider l'avenir de l'ex-Congo belge.
En janvier 1960, cette table ronde réunit les leaders politiques indépendantistes congolais, dont Joseph Kasa-Vubu (futur Président) et son rival Patrice Lumumba (futur Chef du Gouvernement), et les autorités belges, afin de négocier les contours du futur Congo (actuelle République démocratique du Congo).
A l'issue de la Table ronde, la date de l'indépendance est fixée au 30 juin 1960.
Pour l'occasion, Grand Kallé, compose Indépendance cha cha, co-écrite avec Thomas kanza, est diffusée au Congo par Radio Congo belge actuelle RTNC, et c’est par elle que les Congolais apprennent l’indépendance de leur pays. Elle s'impose aussitôt comme l'hymne des mouvements anticolonialistes dans toute l'Afrique noire, et devient le premier tube panafricain, le reste appartient désormais à l'histoire.
Ezechiel MONTEIRO
Commentaires(0)